Et les suicides dans la police, on en parle ? Cette quasi-indifférence doit nous révolter

Depuis quelques jours, les forces de l’ordre sont victimes d’une stigmatisation injuste.

Loin des projecteurs, un policier de la 3ème DPJ de Paris s’est suicidé le 9 juin. Un autre s’est donné la mort à Chambéry, le 11 juin. Le suicide d’un policier ne surprend plus, et devient une habitude sourde. Cette quasi-indifférence devrait nous révolter.

Si le racisme et les autres formes d’intolérance doivent être sanctionnées, le dérapage de certains ne doit pas conduire à la défiance de tous. La France n’est pas l’Amérique. Notre police est Républicaine, et n’obéit qu’au principe de protection de la population et de ses biens. Nos forces de l’ordre n’ont pas besoin d’un calmant, mais seulement de considération. Minimiser leur souffrance, c’est ne pas comprendre la difficulté de leur mission.

En 2015, la France a été touchée dans son cœur par des attentats meurtriers. Ce sont nos policiers et nos gendarmes qui se sont trouvés en première ligne face à la barbarie terroriste pour sauver des vies. Cette année-là, ils ont été applaudis pour cela. En 2016 à Magnanville, ils ont aussi été les victimes du terrorisme. Comment oublier l’assassinat à leur domicile de Jean-Baptiste SALVAING et de Jessica SCHNEIDER ?

Confrontées aux maux de la société, les forces de sécurité intérieure ont défendu l’ordre Républicain. Elles ont dû faire face à des actes violents, conduits par cette gangrène des groupuscules d’extrême gauche et d’extrême droite.

Dans toutes les situations, il y a toujours quelque chose qui nous ramène à la police. Imaginons, ne serait-ce qu’un instant, qu’elle ne soit plus là.

Alors qu’ils se sont engagés pour servir, les policiers sont le réceptacle de la haine. Sont-ils formés pour cela ? Leurs visages sont largement diffusés sur des réseaux « antisociaux », comme si la garantie de leur anonymat ne comptait plus. Sous les uniformes, n’oublions pas qu’il y a des femmes et des hommes, des pères et des mères de famille.

Le 14 juin 2020, le Président de la République a renouvelé toute sa confiance et son soutien aux forces de l’ordre. Nous devons aller au-delà des mots, et avoir le courage d’aborder sans tabou le difficile sujet du suicide dans les forces de police. 1.200 fonctionnaires se sont donné la mort en 25 ans, et cet acte ultime a augmenté de près de 70% en 2019. Pourquoi celles et ceux qui nous protègent se donnent parfois la mort ?

Nous devons appréhender cette douloureuse réalité, et en connaitre les causes. D’autres pays, comme le Canada, ont déjà travaillé sur des politiques de prévention. Leurs résultats sont encourageants, et doivent nous inspirer.

En France, des associations d’aide et d’écoute demandent la mise en place de mesures de soutien et de prévention. Celles-ci, mobilisées au plus près de leurs collègues en difficulté, apportent déjà un début de réponse. Il faut construire en lien avec ces acteurs une nouvelle doctrine qui prendrait en compte ce risque.

Quand le Ministère de l’Intérieur ouvrira-t-il ce débat courageux et nécessaire en interne, plutôt que de confier cette responsabilité à des consultants ? À défaut, il appartiendra au Parlement de s’emparer de ce sujet, conformément aux pouvoirs qui lui sont dévolus au titre de sa mission d’évaluation et de contrôle.

Sans sécurité, l’exercice de nos propres libertés est impossible. La sécurité, c’est le premier bien des Français. Nous ne devons pas l’oublier, en soutenant les femmes et les hommes qui portent cette charge.

Les signataires

François JOLIVET, Député de l’Indre, Aude Bono-Vandorme, Députée de l’Aisne, Jean-Michel FAUVERGUE, Député de Seine-et-Marne, Francis CHOUAT, Député de l’Essonne, Adrien Morenas, Député du Vaucluse, Danielle Brulebois, Députée du Jura, Benoit Potterie, Député du Pas-de-Calais, Frédéric Descrozaille, Député du Val-de-Marne, Fadila KHATTABI, Députée de Côte-d’Or, Danièle Hérin, Députée de l’Aude, Christophe Blanchet, Député du Calvados, Jean-Michel Mis, Député de la Loire, Michèle Peyron, Députée de Seine-et-Marne, Mohamed Laqhila, Député des Bouches-du-Rhône, Stéphanie RIST, Députée du Loiret, Valérie Petit, Députée du Nord, Fabien LAINÉ, Député des Landes, Christophe NAEGELEN, Député des Vosges, Yves DANIEL, Député de Loire-Atlantique, Laurence VANCEUNEBROCK, Députée de l’Allier, Marion Lenne, Députée de Haute-Savoie, Alain Perea, Député de l’Aude, Philippe CHALUMEAU, Député d’Indre-et-Loire, Philippe Huppé, Député de l’Hérault, Anne-Laure CATTELOT, Députée du Nord, Daniel Labaronne, Député d’Indre-et-Loire, Jean-marc Zulesi, Député des Bouches-du-Rhône, Perrine GOULET, Députée de la Nièvre, Pierre Morel A L’Huissier, Député de la Lozère, Blandine BROCARD, Députée du Rhône, Sophie Beaudouin-Hubiere, 1ere circonscription de Haute-Vienne, Députée de la Haute-Vienne, Denis MASSÉGLIA, Député de Maine-et-Loire, Stéphane BUCHOU, Député de la Vendée, Vincent Thiébaut, Député du Bas-Rhin.